« Histoire d’une couleur : Rose, Blanc, Jaune, Rouge »
Michel Pastoureau
Rose : Histoire d’une couleur
Bien présent dans la nature, le rose n’a été fabriqué par l’Homme qu’assez tard, que ce soit en peinture ou en teinture. En Europe, avant le XIVe siècle, il est rare dans la culture matérielle comme dans la création artistique. Il devient plus fréquent dans le vêtement à la fin du Moyen Âge grâce à l’emploi d’une teinture importée des Indes puis du Nouveau Monde : le bois de brésil. Sa vogue atteint son apogée vers la fin du XVIIIe siècle, lorsqu’il devient tout à la fois romantique et féminin, symbole de douceur, de plaisir et de bonheur. À la même époque, les horticulteurs parviennent à créer des roses roses : cela plaît tellement que la fleur finit par donner son nom à cette couleur qui jusque-là n’en avait pas.
Aujourd’hui, le rose est moins présent dans la vie quotidienne qu’il ne l’a été à l’époque romantique. Tantôt jugée trop voyante ou de mauvais goût, tantôt appréciée comme couleur emblématique de la modernité (pop art, pink culture), cette demi-teinte fait l’objet d’une reconnaissance ambivalente. L’ouvrage de Michel Pastoureau retrace la longue et turbulente saga du rose en Europe, de l’Antiquité grecque à nos jours, en s’appuyant sur de nombreux documents et sur une riche iconographie.
Seuil — Le 4 octobre 2024
Blanc : Histoire d’une couleur
Le blanc, ou la couleur devenue incolore.
Le sixième ouvrage d’une série consacrée à l’histoire sociale et culturelle des couleurs en Europe.
Pureté, ivoire, céruse, propreté, neige, linceul, colombe, vide, fleur de lis, lumière.
Contrairement à une idée reçue, le blanc est une couleur à part entière, au même titre que le rouge, le bleu, le vert ou le jaune. De l’Antiquité jusqu’au cœur du Moyen Âge, il a même constitué, avec le rouge et le noir, une triade chromatique jouant un rôle de premier plan dans la vie quotidienne et dans le monde des représentations. Dans ce sixième opus consacré à l’histoire culturelle des couleurs en Europe, Michel Pastoureau parcourt tous les aspects de cette couleur et en retrace la richesse symbolique, bien plus positive que négative : couleur des dieux, du Christ et des rois, elle s’apparente autant à la pureté qu’à la paix, la sagesse ou la propreté. Associant la précision de ses recherches à ses infaillibles talents de conteur, Michel Pastoureau nous emporte à nouveau au cœur de la couleur et de l’histoire des représentations.
Historien, spécialiste des couleurs, des images, des bestiaires et des symboles, Michel Pastoureau est directeur d’études émérite de l’École pratique des hautes études. Il a notamment publié L’Étoffe du diable (1991), Une histoire symbolique du Moyen-Âge occidental (2004) ou encore Le Loup. Une histoire culturelle (2019). Son autobiographie Les Couleurs de nos souvenirs a reçu le prix Médicis Essai en 2010.
Seuil — Le 4 octobre 2024
Jaune : Histoire d’une couleur
Aujourd’hui, en Europe, le jaune est une couleur discrète, peu présente dans la vie quotidienne et guère sollicitée dans le monde des symboles. Il n’en a pas toujours été ainsi. Les peuples de l’Antiquité voyaient en lui une couleur presque sacrée, celle de la lumière, de la chaleur, de la richesse et de la prospérité. Les Grecs et les Romains lui accordaient une place importante dans les rituels religieux, tandis que les Celtes et les Germains l’associaient à l’or et à l’immortalité. Le déclin du jaune date du Moyen Âge qui en a fait une couleur ambivalente. D’un côté le mauvais jaune, celui de la bile amère et du soufre démoniaque : il est signe de mensonge, d’avarice, de félonie, parfois de maladie ou de folie. C’est la couleur des hypocrites, des chevaliers félons, de Judas et de la Synagogue. L’étoile jaune de sinistre mémoire trouve ici ses lointaines racines. Mais de l’autre côté il y a le bon jaune, celui de l’or, du miel et des blés mûrs ; il est signe de pouvoir, de joie, d’abondance.
À partir du XVIe siècle, la place du jaune dans la culture matérielle ne cesse de reculer. La Réforme protestante puis la Contre-Réforme catholique et enfin les « valeurs bourgeoises » du XIXe siècle le tiennent en peu d’estime. Même si la science le range au nombre des couleurs primaires, au même titre que le rouge et le bleu, il ne se revalorise guère et sa symbolique reste équivoque. De nos jours encore, le jaune verdâtre est ressenti comme désagréable ou dangereux ; il porte en lui quelque chose de maladif ou de toxique. Inversement, le jaune qui se rapproche de l’orangé est joyeux, sain, tonique, bienfaisant, à l’image des fruits de cette couleur et des vitamines qu’ils sont censés contenir.
Seuil — Le 3 octobre 2019
Rouge : Histoire d’une couleur
Le rouge est en Occident la première couleur que l’homme a maîtrisée, aussi bien en peinture qu’en teinture. C’est probablement pourquoi elle est longtemps restée la couleur « par excellence », la plus riche du point de vue matériel, social, artistique, onirique et symbolique.
Admiré des Grecs et des Romains, le rouge est dans l’Antiquité symbole de puissance, de richesse et de majesté. Au Moyen Âge, il prend une forte dimension religieuse, évoquant aussi bien le sang du Christ que les flammes de l’enfer. Mais il est aussi, dans le monde profane, la couleur de l’amour, de la gloire et de la beauté, comme celle de l’orgueil, de la violence et de la luxure. Au XVIe siècle, les morales protestantes partent en guerre contre le rouge dans lequel elles voient une couleur indécente et immorale, liée aux vanités du monde et à la « théâtralité papiste ». Dès lors, partout en Europe, dans la culture matérielle comme dans la vie quotidienne, le rouge est en recul. Ce déclin traverse toute l’époque moderne et contemporaine et va en s’accentuant au fil du temps. Toutefois, à partir de la Révolution française, le rouge prend une dimension idéologique et politique. C’est la couleur des forces progressistes ou subversives, puis des partis de gauche, rôle qu’il a conservé jusqu’à aujourd’hui.
Soutenu par une abondante iconographie, cet ouvrage est le quatrième d’une série consacrée à l’histoire sociale et culturelle des couleurs en Europe. Rouge.Histoire d’une couleur fait suite à Bleu. Histoire d’une couleur (2000), Noir. Histoired’une couleur (2008) et à Vert. Histoire d’une couleur (2013).
Seuil — Le 06 octobre 2016